Dans l’organisation d’un programme de recherche, en collaboration au sein d’une ou de plusieurs équipes, puis avec la tutelle, la communication est plus ou moins bien vécue. Comment fluidifier ses processus ?
Tirer partie des avantages du faire-savoir d’un laboratoire. Investir le digital pour fluidifier les circuits des savoirs et des collaborations. Améliorer la communication institutionnelle vers l’administration, les entreprises ou le grand public… La recherche d’aujourd’hui a un besoin vital de communication. Nous nous fonderons ici sur les études de l’EESR7 pour dresser un état des lieux..
Le numérique a démultiplié les formes de lecture et d’écriture dans la société. Cela a dès lors favorisé l’émergence de pratiques nouvelles où se mêlent communication, archivage, littérature, collection, etc.
Dans le même temps, les pratiques des chercheurs se sont diversifiées. Elles devraient donc s’appuyer sur cette banalisation des outils en usage courant. Or, site internet institutionnel, blog, mise en ligne de résultats de recherche, d’actes de colloques, de rapports d’activités sont autant d’outils exigeant coordination et temps. Cela interroge ainsi les objectifs d’une communication de la recherche.
En 2017, il s’agit désormais non seulement de créer des savoirs, mais aussi de les faire savoir. Non plus exclusivement pour l’image et la notoriété. Mais aussi pour créer des partenariats, des collaborations. Signer des contrats. Diffuser les publications. Obtenir des subventions. Être préféré à un autre laboratoire dans une concurrence mondialisée.
Aujourd’hui, la recherche requiert indubitablement une véritable stratégie de communication. Et dans un monde de la communication lui-même en perpétuels bouleversements induisant sans cesse de nouvelles pratiques, s’appuyer sur une expertise en communication est devenu nécessaire.
Puisque de plus en plus de projets de recherche lient des équipes distinctes, souvent éloignées les unes des autres, l’enjeu de communication interne est fondamental. Disposer d’outils qui fluidifient les processus de partage de savoirs, de travail collaboratif sur des documents, d’archivage fiable et versionné, et ce depuis n’importe où, n’importe quand et en toute confidentialité, est alors une démarche stratégique. Un laboratoire de recherche doit donc aujourd’hui disposer d’un système d’information dédié.
De même, présenter ses travaux de recherche à des partenaires potentiels, publics ou privés, qui ne disposent pas nécessairement de la même culture, est un enjeu majeur. Diffuser ses publications dans une logique d’archives ouvertes et faire savoir qu’elles existent, convaincre une administration pour obtenir des subventions ou un contrat, établir un partenariat avec une entreprise, faire se rejoindre plusieurs équipes de laboratoires sur un projet commun sont des situations quotidiennes. Dés lors, on doit les favoriser en usant d’une stratégie de communication idoine, fluide et efficace. Une fois mise en place, elle permettra d’économiser énergie, moyens humains et financiers.
Que ce soit en recherche publique, où le rendu de compte est juridique et culturel, ou en recherche privée, où la notoriété de l’innovation est stratégique, communiquer sur ses pratiques, ses domaines ou ses résultats avec le grand public est une manière d’enraciner la recherche dans la société. Événements, colloques, séminaires, expositions sont aujourd’hui des situations normales de la recherche. Se pose alors la question d’une diffusion efficace de ces événements auprès du grand public.
En 2012, la France était en 6e position avec 3,6 % des publications scientifiques mondiales. Mais notre pays connaît une érosion depuis 2003, à l’instar de ses homologues européens, des USA et du Japon, face aux nouvelles puissances de recherche que sont la Chine, le Brésil et l’Inde.
En 2003, Les USA, le Japon, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France totalisaient 58 % des publications mondiales. Cependant, elles n’en représentent plus que 42 % en 2012.
Pour autant, la visibilité des publications des six pays les plus producteurs tend à progresser. L’indice de visibilité de la France reste pourtant en retrait par rapport aux USA et au Royaume-Uni (indice supérieur à la moyenne mondiale de 1)
En 2012, 48 % des publications françaises impliquent au moins un laboratoire étranger, ce qui montre ainsi que la France connaît le plus fort taux de collaboration internationale. La France coopère notamment le plus avec la Belgique, la Suisse, l’Italie et l’Espagne.
Il est donc fort à penser que la communication peut participer à une amélioration de cette tendance à l’érosion. Car en 2017, que ce soit bien ou mal, il n’y a plus d’action sans communication. Même le secteur de la recherche d’échappe pas à cette nouvelle donne.
Mais la France reste le 4e pays producteur de brevets dans le monde, avec 6,5 % des demandes enregistrées.
La France est notamment spécialisée dans les domaines du transport, de la nanotechnologie et des microstructures, ainsi que de la chimie organique fine.
Pour autant, depuis 2001, la part mondiale de la France a diminué de 8 %. Néanmoins, la part de brevets européens de la France impliquant une collaboration internationale a augmenté de 54 %. Là encore, faire connaître cet état de fait permettrait un positionnement plus attractive de la recherche française face à la concurrence non européenne, des BRIC notamment.
La dépense intérieure de recherche et développement représente 2,25 % du PIB français en 2011, soit 45 milliards d’euros. Deux fois plus qu’en 1982. 64 % des travaux en recherche et développement sont exécutés par les entreprises qui financent 59 % de la dépense nationale en la matière.
Ce sont les secteurs de l’automobile, de la pharmacie, de l’aéronautique, des composants électroniques, de la chimie et des systèmes d’information qui exécutent la moitié des dépenses en R et D françaises.
Dans cette optique, on peut comprendre que le faire savoir est devenu une nécessité tout aussi stratégique que le savoir-faire. C’est ici que, pour la recherche, une stratégie de communication solide prend tout son sens.