La lisibilité est l’aptitude d’un texte à être lu rapidement, compris aisément et bien mémorisé. Enrichir le lecteur d’une information nouvelle est primordial en communication éditoriale. Plus que de lisibilité, si nous parlions d’intelligibilité ?
Améliorer la lisibilité d’un texte par la forme
La lisibilité dépend autant du lecteur que du texte. Elle consiste donc en tous les procédés permettant au lecteur de faciliter sa lecture. L’objectif sera dès lors de mettre en œuvre tous les éléments pour faciliter la tâche du lecteur.
D’un point de vue formel, il faut :
- Utiliser la police de caractères adéquate, d’une taille suffisante, avec un interligne égal à la hauteur des caractères. En la matière, les fantaisies sont à exclure : les enrichissements (couleurs, empattement…) doivent aider à la compréhension et non prendre le pas sur elle
- Aligner le texte à gauche sans justification sauf si la colonne est suffisamment étroite
- Utiliser des blocs textes n’excédant pas une quinzaine de mots, sinon créer deux colonnes
- Le taux d’oubli du « matériel verbal » est élevé pour le lecteur, et nécessite une certaine répétition du message pour combler cet oubli
- Faire des phrases courtes, si possible sujet-verbe-complément, évitant les adverbes, les adjectifs. Utiliser une ponctuation fréquente.
- Éviter tout jargon, expliciter les termes complexes
- Ne pas présenter d’idée abstraite sans exemple concret
- Utiliser la voix active, éviter la voix passive
- Dans 80 % des cas, en communication, s’adresser directement au lecteur
- Utiliser de l’iconographie pour illustrer un message, moyen le plus puissant pour que le lecteur le retienne.
Améliorer l’intelligibilité d’un texte
Un texte est intelligible lorsque son message est acquis puis intégré précisément par le lecteur. Il répond alors à un « horizon d’attente », c’est-à-dire à des besoins et des objectifs précis en recherche de l’information.
Dans la communication éditoriale, le sens du message délivré doit être univoque, à savoir sans ambiguïté. Cela demande donc la mise en place d’une stratégie de soutien au lecteur. Pour cela, il faut :
- Un titre pertinent et impactant
- Un sectionnement du texte avec une idée force par paragraphe
- Quelques mots-clés suffisamment réitérés
- Une division comportant des sous-titres explicites, qualifiant le contenu qui va suivre
- Des listes, des numérotations, des blocs de texte clairement identifiés notamment à l’aide de la typographie adéquate
- Des mises en évidence
- Du texte « facile » (voir plus bas)
- Un chapeau indiquant clairement les intentions du texte
- Créer la compréhension immédiate de l’intérêt de cette lecture
- L’utilisation de points repères (lignes verticales gauches) et une bonne utilisation des sauts de lignes ou des indentations.
Savoir calculer la lisibilité d’un texte : indice de Flesch
L’indice de lisibilité
Pour évaluer objectivement la lisibilité d’un texte, il existe de nombreuses méthodes issues de la recherche en linguistique (Mesnager, Tardieu, Erlich, Timbal-Duclos, Flesch…)
Mais le fameux indice de lisibilité de Flesch reste en réalité aussi célèbre que complet. Il se calcule comme suit :
On extrait au hasard 100 mots d’un texte et on compte un point si on trouve :
- Une majuscule
- Un mot souligné, gras ou italique
- Un nombre écrit en chiffre (5 et non pas « cinq »)
- Un signe de ponctuation sauf les virgules, les traits d’union et les points servant à l’abréviation
- Un symbole courant de type #, $, %, &, *…
- Une fin d’alinéa
Le total de points obtenu est l’indice de lisibilité de Flesch. Il s’interprète ainsi :
- 0 à 20 points : texte soutenu, guindé, académique
- 21 à 25 points : texte courant
- 26 à 30 points : texte assez lisible
- 31 à 35 points : texte grand public
- Plus de 35 points : texte très grand public.
En communication éditoriale, l’indice de lisibilité de Flesch est donc très intéressant pour évaluer une production rédactionnelle. Il est souvent associé à l’indice sémantique de Flesch.
L’indice sémantique
On extrait de la même manière au hasard 100 mots d’un texte et on compte un point si on trouve un « mot concret ». Un mot concret ne change pas de signification lorsqu’on change de langue. Ils se distribuent en 5 catégories :
- Les noms propres
- Les nombres et les chiffres
- Les dates y compris les saisons
- Les mots désignant un sexe (homme/femme, coq/poule, mouton/brebis…)
- Les mots désignant des personnes précises (pronoms).
Le pourcentage total est calculé en additionnant tous les points. Flesch interprète l’indice sémantique ainsi :
- 0 à 20 % : texte hautement abstrait
- 20 à 30 % : texte plutôt abstrait
- 30 à 45 % : texte plutôt concret
- 45 % et plus : texte hautement concret.
Il existe aussi d’autres modes de calcul de lisibilité, comme celui d’Henry, la formule de Gunning ou la procédure de closure. Mais l’indice de Flesch possède un petit avantage : il est disponible dans le logiciel Word. Aller dans « options Word > vérifications > lors de la correction orthographique et grammaticale dans Word » et cocher la case « Indice de lisibilité ».
Un autre logiciel gratuit, SATO, est beaucoup plus complet. N’hésitez pas à l’essayer pour évaluer votre écriture !
Références bibliographiques sur la lisibilité
- Claire GélinasChebat, Clémence Préfontaine, Jacques Lecavallier et Jean-Charles Chebat, (juin 1993) Lisibilité Intelligibilité de documents d’information, Université du Québec, Montréal
- Ehrlich, MarieFrance, et Tardieu, Hubert, (1985), Lire, comprendre, mémoriser les textes sur écran vidéo, Communication et langages, #65
- Richaudeau, François, (1978) Le texte le plus efficace que je connaisse, Communication et langages, #37
- Timbal-Duclaux, Louis, (1984), La transparence du texte : pour mesurer sa lisibilité, Communication et langages, #59
- Timbal-Duclaux, Louis, (1985), Textes « inlisable » et lisible, Communication et langages, #66